Compensations transgénérationnelles
Contexte
Aïe mes Aïeux ! Anne Ancelin Schützenberger nous a quitté le 23 mars 2018 sans tambour ni trompette alors que le titre de son best seller publié en 1988 résonnera encore longtemps dans certaines têtes, éblouies par la découverte de l’analyse transgénérationnelle. Pour maintenir son équilibre psychologique, l’être humain culpabilisé est obligé de vivre au passé compensé tant qu’il ne s’est pas déchargé de sa culpabilité par l’aveu. S’il ne le fait pas, sa culpabilité lui survit sous forme d’un fantôme et la descendance est chargée de trouver une solution à cette culpabilité de l’ancêtre. A la seconde génération, il se produit en général une répétition de la culpabilité : cela revient à dire « mais c’est normal de ». Par exemple, la fille d’une femme qui a vécu un avortement va elle aussi subir une IVG alors qu’initialement, en toute sincérité, elle souhaitait avoir un enfant. A la troisième génération, c’est la véritable solution pour ne pas vivre l’événement culpabilisant qui est fournie : une stérilité empêchera la grossesse et donc la « possibilité » d’un avortement provoqué.
Observation à lire lentement
Nous présentons l’enquête transgénérationnelle pour une petite fille qui fait une pyélonéphrite droite à colibacilles à l’âge de 10 mois.
La honte des lignées : à la 1° génération, un 4° enfant naît dans un couple alors qu’ils ont dépassé 50 ans. A la 2° génération, à nouveau, le 4° enfant arrive alors que le couple a dépassé 50 ans. A la 3° génération, le 1° enfant survient avant le mariage, le 4° enfant, un garçon, est attendu comme « le messie » après 3 filles. A la 4°génération et en 4° position, une fausse couche a lieu d’un fœtus mâle. Elle déculpabilise les 3 générations précédentes : symboliquement, les grossesses honteuses « hors délai » sont effacées.
Le 3° enfant de la 4° génération (Arielle, une fille), porte le prénom d’une 4° enfant d’une autre famille, mort peu avant sa naissance. « Par hasard », Arielle prédit la mort du 4° bébé à venir de sa famille en disant: « non je ne le verrai pas ». Et le fœtus meurt. Culpabilisée, elle souhaite avoir un fils dès que possible pour compenser le décès dont elle se sent responsable. Mais, déception, 37 ans plus tard, son premier enfant sera une fille !
À 10 mois, cette petite fille fait une pyélonéphrite droite à colibacilles : symboliquement, son identité (ici son sexe) est bien accueillie. Elle peut enfin uriner sans reflux vésico-urétéral, comme une fille normale. La veille de l’infection, pendant qu’elle faisait du repassage, la maman a revu les 10 derniers mois écoulés: « une fille, ce n’est pas si mal ; pourquoi pas 2 ? » Accueillie, la fille de 10 mois tourne la page par le biais de cette infection, pour elle, et mais également pour 5 générations d’enfants mal accueillis.
Discussion
Cette observation nous permet de souligner 3 points importants.
Succession des CSI au fil des générations
Le caractère implacable de la succession des compensations symboliques inconscientes au fil des générations, tant qu’il n’y a pas un aveu pour interrompre la transmission inconsciente de la culpabilité et la nécessité d’une compensation.
Récemment, un ostéopathe ayant pris conscience de l’importance du facteur familial dans la transmission des pathologies a fait une expérience troublante. A la grand-mère d’un petit garçon né avec un strabisme, il a conseillé d’évoquer avec sa fille ayant mis au monde ce garçon, l’avortement qu’elle avait subi avant sa naissance et dont elle n’avait pas parlé. A une jeune femme, elle aussi maman d’un petit garçon né avec un strabisme, il a demandé d’interroger sa mère pour savoir si elle avait fait une IVG. Après quelques mois, il a su que ces questions familiales intimes avaient bien été abordées. Dans les 2 cas, c’est un petit fils qui a guéri d’un strabisme après l’aveu !
Prévenir pour mieux guérir
Sur le plan préventif, cette notion de transmission intergénérationnelle mérite d’être abordée le plus fréquemment possible. C’est notamment le cas pour la prévention des malformations congénitales avec laquelle le fœtus vient apporter la solution symbolique au problème de la maman vécu au moment de la grossesse.
Un exemple : une femme a l’idée de prendre des nouvelles de son frère au moment où elle décide d’avoir un enfant. Elle se rend dans la commune d’origine de sa famille où l’employé de mairie lui tend un avis qu’elle saisit de la main gauche. Il s’agit du bulletin de décès de son frère. A la naissance de son fils, on constate qu’il n’a aucun doigt à la main gauche. La symbolique de cette compensation était évidente pour la maman.
Écouter l’entourage du patient
Cette transmission de la culpabilité entre les générations permet d’utiliser une autre stratégie dans la relation d’écoute. Pour la pathologie d’un enfant, on va rechercher à quelle culpabilité de la mère elle correspond pour favoriser la guérison et couper le lien transgénérationnel.
Exemple de cas
Syndrome néphrotique chez un enfant de 5 ans
« Il se remplit d’eau » (œdème) car ses reins laissent passer dans les vaisseaux des grosses molécules indispensables pour la pression oncotique. La lecture du symbole est immédiate : si un enfant se remplit d’eau, c’est que dans la réalité, il manque de mère. Le mois précédent la maladie, la maman était indisponible du fait d’une intervention, puis elle est allée à l’autre bout de la France pour le décès de son père. Voilà pour le facteur déclenchant.
A la moitié des 5 ans, cet enfant était allé à la clinique pour voir sa petite sœur qui venait de naître. Il avait envie de rester mais sa grand-mère le ramena brutalement à la maison dans les pleurs et la protestation. N’osant intervenir, la maman a le cœur brisé de ne pas savoir s’occuper des 2 enfants à la fois. Impuissance insupportable pour une infirmière qui sera compensée 2 ans et demi plus tard par le syndrome néphrotique de son fils. L’aveu d’impuissance de la mère met fin au symptôme du fils.
Allergie
En conférence, une maman demande : « Pourquoi ma fille est-elle allergique à une protéine du lait. Elle a commencé à 5 mois à avoir la figure toute rouge et à se sentir mal avec le lait ; ça dure depuis des années ». – « Quelle personne ne pouvez-vous pas supporter en face à face ? » La maman s’écroule en larmes en avouant que c’est sa mère. Le visage de l’enfant est rouge pour lui donner symboliquement l’énergie du face à face. L’allergie au lait désigne une allergie à la mère.
Dyslexie
Une maman regrette sa lettre à un voisin et les échanges sulfureux qu’elle a provoqués quand elle était enceinte. Si elle n’avait pas su écrire et lire comme son fils devenu dyslexique, elle serait en paix. Le lendemain de l’aveu, son fils n’est plus dyslexique.
Conclusion
Ne nous trompons pas de malade … à guérir.